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dessin coqs bankiva

LES COQS SAUVAGES

BANKIVAS, LAFAYETTE, SONNERAT, JAVA

LES BANKIVAS

Dire que tous les coqs et poules de nos basses cours descendent du "Bankiva" est un lieu commun. Cette affirmation est cependant un peu sommaire. Le terme "bankiva", utilisé en langue vulgaire, recouvre plusieurs sous espèces de poules sauvages dont une seule a le droit de porter le nom de "gallus gallus bankiva" et elle n'est sans doute pas la mieux placée pour être l'ancêtre des poules domestiques.

La préhistoire ne nous apprend pas grand chose sur les origines de la poule. En Europe, il n'existe aucun fossile du genre Gallus. En Asie, les seuls vestiges retrouvés s'apparentent à ceux des poules sauvages existant encore actuellement. Les savants ont longtemps cherché le maillon qui devrait exister entre les coqs sauvages actuels à silhouette de coq européen (Gauloise) et de faible poids et les énormes et massives races asiatiques telle la Brahma et la Cochin. Cet ancêtre reste introuvable. Supposer l'existence d'un grand coq primitif "Gallus giganteus" est une hypothèse intéressante mais sans base scientifique.

Aux temps historiques, en Europe, on ne trouve d'écrits sur la poule que quatre à cinq siècles avant Jésus-christ alors qu'elle est déjà un animal domestique classique et abondant. En Grèce, à la même époque, on la considère comme originaire de Perse... mais la Perse était encore l'extrémité orientale du monde connu ou presque !

Les parties anciennes de la bible et les anciens textes provenant de l'Est du bassin méditerranéen, pouvant dater de 1000 ans avant Jésus-christ, sont muets en ce qui concerne cette volaille alors que l'élevage des palmipèdes est relaté dans des documents égyptiens datant de la même époque.

La culture chinoise antique nous fournit des documents plus anciens : les premières poules seraient arrivées en Chine 1400 ans avant l'ère chrétienne, venant de l'Ouest et du Sud Ouest. Le recoupement des cultures européenne et chinoise nous confirme donc que la poule domestique serait originaire de l'Inde ou des régions voisines, lieux où se trouvent encore plusieurs espèces sauvages de ce volatile.

Les auteurs européens ayant écrit sur ce sujet aux XVIII, XIX et au début du XX siècles ne nous apportent pas grand chose sinon des risques de confusion. Linné (vers 1770) parle d'une poule sauvage qu'il nomme Thasanius gallus"; Gmelin (vers 1780) décrit un "Tetrao ferruginus" qui ressemble beaucoup à un Gallus gallus. Temminck, en 1815, propose le premier le nom de "gallus bankiva" sans que l'on puisse déterminer avec précision à quelle sous espèce il l'attribue puisque d'une part il dit cet animal originaire des îles de la Sonde et que, d'autre part, il le décrit avec oreillons blancs, ce qui n'est pas le cas des coqs sauvages habitant la région. En 1888, Magaud d'Aubusson, dans son remarquable catalogue des gallinacés d'Asie, place le coq de Bankiva en Inde et Malaisie, en précisant qu'il existe plusieurs variétés géographiques; par contre il ignore la présence de ce volatile à Java où vit pourtant une des sous espèces (justement le "Gallus gallus bankiva") en parallèle avec le coq de Java (Gallus varius).

En 1895, Remy Saint Loup est le premier à avoir tenté de différencier les sous espèces géographiques sans, pour autant, leur attribuer des noms différents. Il parle des Bankivas de l'Himalaya à plumage plus pâle, des Bankivas du Bengale à oreillons blancs, des Bankivas malais à oreillons rouges et pattes jaunâtres etc. Il faudra attendre le milieu du XX siècle, en particulier les travaux du grand ornithologue français Jean Delacour, pour disposer d'une description systématique et exacte des différentes sous espèces. Cette étude scientifique portant sur des différences pouvant paraître mineures, n'est pas sans intérêt pour nous éleveurs. Il faut en effet pouvoir reconnaître le robuste animal originaire des contreforts de l'Himalaya de celui vivant en pays tropical, trois mille kilomètres plus au Sud, qui aura bien du mal à s'adapter à nos hivers rigoureux.

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DESCRIPTION COMMUNE à TOUTES LES SOUS ESPÉCES.

L'allure générale, les formes et les couleurs des coqs et poules dits "bankivas" rappellent étroitement celles de notre Gauloise dorée, en plus petit. La queue est cependant portée beaucoup moins relevée. La Naine Allemande, en variété dorée, est également une très bonne race à comparer avec les poules sauvages.

La crête des coqs est droite, bien dentelée, le lobe franchement détaché de la nuque; elle est plus petite que celle de la plupart de nos races domestiques. Les deux barbillons sont moyennement développés. La crête des poules est quasiment inexistante, réduite à un simple bourrelet ou à un léger repli et leurs barbillons ne sont jamais apparents. Le chant des coqs comporte de trois à quatre syllabes, comme celui de nos coqs domestiques mais il est nettement plus bref, rapide et aigu.      

Les coqs élevés ensemble supportent tant bien que mal la vie collective en été et hiver. Au printemps ils deviennent de redoutables combattants et doivent être isolés, chacun avec une à trois poules. Cela correspond à leur vie sauvage : coqs et poules se regroupent par bandes en hiver mais dès le printemps chaque coq dominant s'isole sur un territoire avec une ou plusieurs poules. Ils supportent bien les autres espèces (faisans et paons) s'ils dis­posent de suffisamment d'espace.

La véritable caractéristique essentielle qui permet de différencier à coup sur un véritable coq sauvage d'un domestique ou d'un bâtard des deux est l'existence, chez le sauvage, d'une phase de plumage d'éclipse : lors d'une première mue, qui se situe début Juin, les faucilles et les lancettes des reins disparaissent chez le coq; les lancettes sont remplacées par des plumes plus courtes, arrondies à leur extrémité et de couleur sombre; de même le camail devient plus court et plus sombre; la crête diminue de taille et ternit. Ce plumage d'éclipse va durer à peu près trois mois et durant cette période les coqs sont moins agres­sifs. Cette phase d'éclipse peut fort bien être comparée au même phénomène qui se pro­duit chez les canards Carolin et Mandarin. Dès qu'il y a croisement avec une race domes­tique, le phénomène de double mue disparaît et le pseudo Bankiva n'effectue plus qu'une seule mue par an, vers le mois d'Août. Pour les poules, mis à part le très faible développement des attributs de la tête, il est enco­re plus difficile de différencier une authentique poule sauvage d'une naine domestique ou du croisement des deux. Cependant le rachis des plumes du dos des poules des diffé­rentes sous espèces est toujours nettement plus clair que celui des poules domestiques, parfois même presque blanc.

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DESCRIPTION DES SOUS ESPÉCES.

Gallus gallus gallus. Originaire du Cambodge et de Cochinchine (Sud Vietnam) c'est celui qui ressemble le plus à la naine allemande dorée. La crête est presque aussi déve­loppée que celle de la race domestique, sauf pendant la période d'éclipse. L'oreillon est grand et blanc, le bec brun à pointe jaune, les pattes gris foncé. La poule est de la couleur de la naine allemande dorée avec, en particulier, une poitrine rougeâtre saumoné, sans dessin s'éclaircissant vers l'abdomen. Cependant le rachis des plumes du dos est très clair, presque blanc et très visible.

Gallus gallus jabouillei. Il habite le Tonkin (Nord Vietman). La crête est de taille moyenne, les oreillons rouges. Les plumes ornementales (faucilles et lancettes) sont peu développées. La couleur est nettement plus foncée que celle des autres sous espèces : toutes les parties orangées et rouge franc sont remplacées par de l'acajou et du rouge sombre. Son habitat étant relativement tempéré et humide, il s'acclimate bien en Europe.

Gallus gallus spadiceus. Il habite la Birmanie, le Siam, le Haut laos et la Malaisie, La crête est moyennement développée, les oreillons petits et rouges. La couleur est doré moyen. Faucilles et lancettes sont relativement courtes et les faucilles secondaires peu nombreuses.

Gallus gallus murghi. Il est originaire du Nord de l'Inde. La crête est moyenne, les oreillons blancs. Le plumage, de développement moyen, est nettement plus clair que chez les autres sous espèces : le camail est jaune d'or à orange clair arec flamme noire au centre de chaque plume. les lancettes des reins sont orange clair. C'est le plus nordique de tous et il vit souvent en altitude. Il supporte bien nos climats.

Gallus gallus banklva. Il est originaire de Java, Bali et Sumatra. La crête est petite, les oreillons rouges. Il se différencie des autres par son camail aux plumes courtes, larges et arrondies à leur extrémité. Les lancettes des reins sont peu développées. Il habite des régions à climat chaud, environ 300 toute l'année, et s'acclimate difficilement en Europe où il doit être chauffé en hiver. Par la structure de son plumage, c'est celui qui s'éloigne le plus des coqs domestiques quoique les croisements soient possibles et féconds. Ne pas le confondre arec le coq sauvage de Java (gallus varius) qui habite les mêmes régions et est décrit plus loin.

Il faut savoir que tous les coqs sauvages ont un caractère assez farouche et apprécient très mal la captivité. Dans tous les pays où ils existent, les indigènes, quand ils en capturent, s'empressent de les croiser avec des poules domestiques pour obtenir des sujets moins farouches. Ce sont généralement ces bâtards (qui font d'excellents coqs de combat) que l'on trouve sur les marchés locaux. Cela ne fait pas l'affaire de l'amateur européen qui veut acquérir de vrais coqs sauvages.

Les Bankivas, au sens général, donc toutes les sous espèces, ne sont pas encore en voie de disparition et ne sont l'objet d'aucune protection spéciale. Ils ont de tout temps été capturés et exportés. Mais la facilité avec laquelle ils se croisent avec des volailles domestiques est un handicap certain pour en acquérir et conserver des souches pures. Pour plus de sûreté, il convient de ne procéder à l'acquisition que de sujets adultes en plumage d'éclipse, puisque les sang mêlé ne présentent pas ce phénomène.

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Extrait de l'ouvrage "Elevage sélection et standard des poules naines" édité par le Bantam Club Français -1994
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