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LE POIDS DES NAINES

Les naines ont tendance à grossir, c'est regrettable mais ce n'est ni surprenant ni anormal. Toute domestication entraîne systématiquement une augmentation de poids qui se poursuit au fil des générations. Depuis quelques années, certains taureaux franchissent le cap des deux tonnes ! Les races de volailles n'échappent pas à ce phénomène d'autant plus que l'homme cherche toujours à obtenir des oeufs plus gros ou des rôtis plus dodus. Même sans cette recherche, l'absence de danger, la nourriture abondante et équilibrée, l'apport régulier de vitamines et de minéraux ne peuvent qu'entraîner toutes les races à profiter; nos naines n'y échappent pas.

Il existe deux sortes de naines : les naines d'origine ou naines vraies, qui n'ont pas leur équivalent en grande race, comme la Java, la Sebright, la Hollandskriel, etc. Celles ci n'ont que relativement peu tendance à trop grossir, bien qu'il soit nécessaire de surveiller les souches. Ces naines vraies sont réduites d'environ un tiers par rapport à la Bankiva par l'action d'un gène responsable du nanisme.

La seconde catégorie est constituée par les réductions de grandes races. Pour créer une race naine, l'on fait bien évidemment appel à la grande race existante que l'on croise avec une naine vraie. Mais comme les grandes races ont été sélectionnées pour être de plus en plus grosses depuis que la poule a été domestiquée, le chemin à faire à rebours est long et complexe. Le gène du nanisme, apporté par le croisement avec une naine vraie ne dimi­nue la taille que de un tiers ce qui est très insuffisant; tout le reste est uniquement du au patient travail de sélection des créateurs de la race nanifiée.

Dès que surveillance et sélection s'arrêtent, les réductions de grande race tendent à revenir vers leur taille initiale, donc un tiers au dessous de la grande race, ce qui est évidemment beaucoup trop.

Il faut donc absolument que tout éleveur d'une diminution de grande race ait en permanence le souci de maintenir sa souche dans les limites du standard . C'est un aspect de la sélection aussi nécessaire et important que la conservation des coloris ou des formes de crête.

Pour cela plusieurs méthodes existent, complémentaires les unes des autres.

Tout d'abord sélectionner pour la reproduction les plus petits sujets parmi ceux qui sont bien typés . C'est une erreur de croire que ceux qui sont les plus grands  donc les domi­nants du moment  sont nécessairement les plus vigoureux.

Ensuite l'on peut faire des couvées tardives. Les sujets nés en été n'auront que peu de temps pour se développer. C'est une méthode efficace à court terme mais je pense que de petits sujets obtenus de cette façon ne doivent leur faible taille qu'aux conditions de croissance plus difficiles et ne transmettront pas ce caractère à leur descendance, sauf en pondant des oeufs plus petits.

Car c'est là que réside la vraie méthode : mettre à couver de petits oeufs, soit obtenus à partir de petites poules, soit dans la première ponte des poulettes. Les petits oeufs donnent de petits poussins qui, en grandissant, donnent de petits poulets. Cette affirmation vous a certainement été enseignée par des éleveurs anciens et réputés, mais peut-être n'avez vous pas voulu les croire. Or cette méthode a été expérimentalement prouvée. Pour vous convaincre je ne ferai pas appel à des démonstrations scientifiques effectuées en laboratoire, bien qu'elles existent, mais je reprendra! l'étude de l'un de nous, un éleveur amateur belge qui a expérimenté cette méthode en prenant des notes, ce qui permet de vous faire profiter de son travail. L'expérience a porté sur 2000 oeufs ce qui est très suffisant pour pouvoir extrapoler les résultats constatés.

Pour vérifier que cette théorie ne risquait pas d'être liée à une race, l'éleveur a travaillé sur trois races différentes, mais de poids identique et pondant des oeufs de masse égale. L'expérience s'est poursuivie sur plusieurs années, les éclosions ayant toujours lieu à la même saison. Les lignées étaient constituées depuis plus de cinq ans, donc bien stabilisées. Les animaux avaient tous le même habitat, recevaient la même nourriture et les mêmes soins. Toutes les poules étaient dans leur première année de ponte.

POIDS DES ŒUFS

Les oeufs récoltés avaient des poids s'échelonnant de 24 à 35 grammes; le plus grand nombre se situant autour de 30 grammes. Sur 2000 oeufs mis à couver, 81% ont éclos. L' auteur constata que les oeufs de poids moyen sont ceux qui donnent le plus d'éclosions. Par contre, pour ce qui est du pourcentage d'œuf fécondés, il ne constata aucune différence liée au poids; la perte de rendement est donc due à une mortalité en coquille plus importante sur les oeufs les plus petits ou les plus gros.

POIDS DES POUSSINS

A la naissance, ce poids varie de 15 à 22 grammes; il est rigoureusement proportionnel au poids de l'œuf d'où il provient, sauf en ce qui concerne les plus gros oeufs. On constate que les oeufs de 35 grammes peuvent donner des poussins dont le poids varie de 20 à 22 grammes; différence relativement importante par rapport à une échelle qui ne va que de 15 à 22 grammes. A l'inverse, les oeufs les plus petits, de 24 grammes, ont tous donné des poussins de 15 grammes. Une identification soigneuse des 1600 poussins nés durant l'expérimentation a permis de poursuivre l'étude.

POIDS DES ADULTES

La pesée de contrôle a été effectuée à l'âge de dix mois. Il n'était pas souhaitable de faire une première étude plus précoce. Il vaut mieux, en effet, attendre que les sujets aient parfaitement terminé leur croissance pour ne pas risquer de fausser les conclusions à cause de retards momentanés de croissance qui seraient rattrapés par la suite. Le poids des adultes s'étale de 450 à 680 grammes et se trouve rigoureusement lié au poids des poussins à la naissance. Celui ci dépendant du poids des oeufs, l'expérience a prouvé que les petits oeufs donnent de petits adultes, quelque soit la race.

Dans les pages de ce site, en début du standard de chaque race, est indiquée la masse idéale du sujet ayant atteint sa maturité, c'est à dire, en moyenne, à partir de dix mois. Lors des expositions d'automne, bien des sujets sont plus jeunes, donc devraient être un peu plus légers. Les masses idéales sont indiquées pour le coq et pour la poule. Certains écarts entre les deux sexes peuvent surprendre : cent grammes de différence entre un coq et une poule dont la masse est d'environ 700 grammes n'a rien de surprenant; par contre, toujours cent grammes de différence sur des sujets atteignant ou dépassant le kilo est parfois insuffisant. Cependant je n'ai pas voulu saisir les commissions des standards pour réexaminer toutes les races sur ce plan; l'échelle de tolérance qui est proposée tient compte de cette différence parfois faible, car elle est très largement calculée.

Sur le sujet adulte il est nécessaire de sanctionner à partir de l'insuffisance ou du dépassement de masse de 20% et d'éliminer à partir d'un dépassement de 40%. Cette échelle est très large et ne saurait en aucun cas être dépassée. Les sanctions, même inférieures aux limites indiquées, pourront être aggravées si le dépassement de masse entraîne une modification du type. Notez que certains standards étrangers sanctionnent des dépassements très inférieurs à ceux proposés, sans parler de la Grande-bretagne où les poids au standard sont presque toujours inférieurs à ceux usités sur le continent.

La surveillance de la dérive en taille et masse des volailles naines est une nécessité impérative et une balance devrait être à la disposition des juges dans toute exposition. Même, il serait souhaitable que les naines soient pesées lors de la mise en cage comme cela se pratique pour tous les lapins et pour certaines races de pigeons.

Le tableau ci joint permettra à l'éleveur comme au juge une appréciation rapide sans avoir à se livrer à des calculs fastidieux.

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