1 ‑ CHOIX DES REPRODUCTEURS
Même si vos reproducteurs sont des champions, tous les poulets issus de votre élevage ne mériteront pas des Prix d'Honneur en exposition. En cours de croissance vous pouvez déjà éliminer les jeunes portant des défauts visibles tels que des malformations physiques. A moins que vous n'ayez l'intention d'en faire ultérieurement des rôtis, il est inutile de nourrir pendant six mois des animaux qui ne serviront à rien.
Certains défauts sont très vite repérables. Les Nagasaki qui naissent avec des pattes longues (il en naît obligatoirement un sur trois) ne doivent pas être conservés. Les pouces mal séparés des races pentadactyles sont visibles dès la naissance; ce caractère est d'une hérédité très irrégulière et l'on peut toujours trouver des pouces défectueux dans la descendance de parents aux pattes parfaites. Les défauts de crête sont plus longs à repérer, surtout chez les poulettes; chez les coquelets l'on peut parfois les voir dès le moment où l'on pose la bague.
Pour éviter ces défauts n'hésitez pas à travailler en consanguinité avec des reproducteurs qui ont fait leurs preuves. Si un coq vous a donné d'excellentes poulettes, il faut le croiser avec ses filles ou même ses petites filles. L'idéal est de pouvoir repérer aussi bien la mère que le père de chaque sujet. Cela sera d'autant plus facile que vous travaillerez avec peu de reproducteurs comme je l'ai recommandé plus haut. Gardez toujours en coq de votre souche en réserve, cela évitera d'avoir a acquérir en catastrophe un sujet médiocre si un accident survenait à votre reproducteur. La consanguinité peut être conduite sans inconvénient pendant dix à quinze ans si vous disposez de très bons sujets au départ.
Un jour ou l'autre, il faut cependant songer à renouveler les reproducteurs. C'est une opération à prévoir au moins un an à l'avance. Que vous achetiez un coq ou une ou plusieurs poules, testez les d'abord avec un de vos reproducteurs qui vous a déjà donné de beaux descendants. Élevez quelques poussins issus de ce nouvel accouplement et estimez leur valeur ou mettez les en exposition pour qu'ils soient estimés par un juge. Si le résultat est satisfaisant, alors seulement le ou les sujets acquis pourront être intégrés dans votre troupeau.
Ne croyez pas que la jeunesse est une qualité indispensable de vos reproducteurs. Des coqs et poules ayant fait leurs preuves peuvent être maintenus en production pendant quatre à cinq ans sans inconvénient. Au delà la quantité d'ufs pondus dans l'année par une poule diminue par trop et la fécondation par les coqs devient plus aléatoire.
Il est indispensable de prendre des notes et de tenir un carnet d'élevage. La bague d'identification est l'instrument de base de la sélection. Vous devez être capable de connaître les ascendants de chacun de vos sujets sur plusieurs générations, leurs performances en exposition. Il en est de même pour la descendance : une poule mère de plusieurs Prix d'Honneur sera conservée en reproduction le plus longtemps possible et ré accouplée judicieusement si nécessaire. Disposer de plusieurs enclos et de plusieurs parquets reproducteurs de la même souche, plus ou moins apparentés entre eux est absolument nécessaire pour prétendre élever des champions pendant bien des années.
2 ‑ COMMENT CRÉER DES CHAMPIONS
Il est fréquent que les éleveurs soient déçus de leurs résultats en exposition. Mais ont-ils mis toutes les chances de leur côté ? Posséder un parquet de reproducteurs d'excellente qualité et élever quelques poussins chaque année ne suffit généralement pas; ou même, si le succès arrive parfois, il est rarement de longue durée. Nous avons vu que le minimum nécessaire pour élever consciencieusement une seule variété d'une race est de posséder deux parquets de reproduction. Il est parfois nécessaire et même souhaitable de travailler en étroite consanguinité; ainsi un champion, géniteur de champions, sera utilement croisé avec ses enfants et petits enfants. Mais cette consanguinité poussée ne pourra être éternellement prolongée. Posséder deux parquets, même étroitement apparentés, permet de croiser entre des cousins et non pas des frères et Soeurs.
Mais la détention de deux parquets de la même variété permet beaucoup d'autres possibilités permettant d'obtenir d'excellents sujets, tant en coqs qu'en poules, en spécialisant chacun de ces parquets dans la recherche d'une qualité, voire même en utilisant l'un pour obtenir de bons coqs et l'autre pour obtenir de bonnes poules.
LE PLUMAGE FRISE
Quelque soit la race il est nécessaire de croiser un sujet à plumage lisse avec un à plumage frisé pour obtenir de bons descendants frisés. En croisant frisé x frisé, la qualité de la plume dégénère rapidement et les descendants ressemblent plus à des hérissons qu'à des poules naines. Cependant, au bout de quelques générations, la frisure a tendance à diminuer, les plumes s'aplatissant de plus en plus; il faut alors avoir recours à un croisement frisé x frisé; une fois toutes les quatre générations parait un bon rythme. Peu importe si c'est le coq qui est frisé et la poule qui est lisse ou l'inverse, ce caractère n'étant pas lié au sexe. Dans tous les cas il est nécessaire d'élever, dans la même variété, un parquet de frisés et un parquet de lisse.
LE REFLET VERT
Le standard de la plupart des variétés à plumage noir exige un riche reflet vert chez le coq et même, quoique moins éclatant, chez la poule. Dans tous les cas un reflet violet est toujours défectueux. Ce reflet vert mordoré n'est pas toujours facile à conserver dans une souche. Certes il peut être mis en valeur au moment de l'exposition par un lustrage du plumage avec un chiffon de soie, mais c'est peu durable et encore faut il que le reflet existe.
Si, par hasard il vous naît un coq noir ayant quelques plumes rouges dans le camail, ne le sacrifiez surtout pas. Croisé avec de bonnes poules il donnera des descendants possédant un très brillant reflet vert. N'exagérez cependant pas pour éviter que toute votre souche soit envahie de plumage rouge dans le camail.
LE COLORIS A DOUBLE LISERE
Nous prendrons comme exemple le Combattant indien dark. Les volailles d'exposition doivent avoir un coloris conforme au standard, c'est à dire ni trop noir, ni trop clair; chez les poules, en particulier, le double liseré ne doit pas prendre trop d'importance aux dépens de la couleur de fond.
Pour obtenir de bons coquelets il faut prendre un coq de couleur standard et le croiser avec des poules aux dessins noirs très chargés (trop pour être exposées). Il est plus difficile d'obtenir de bonnes poulettes. Il faut pour cela utiliser un coq inexposable parce que beaucoup trop clair, plus rouge que noir. Dans votre descendance annuelle, repérez, quand lis sont encore jeunes, les coquelets dont le coloris rappelle celui des poules, ce sont eux qui donneront, à la génération suivante, les poulettes ayant le meilleur dessin sur tout le corps.
LE COMBATTANT INDIEN JUBILE
La variété jubilé est assez délicate à conserver dans un bon coloris et dessin. Les parties blanches deviennent envahissantes et peu précises au fil des générations. Un simple croisement, toutes les trois ou quatre générations, avec la variété dark remet tout en ordre.
LES SEBRIGHT
Pour obtenir de bons coquelets, prendre un coq reproducteur au liseré très large (même trop large) y compris sur les rémiges, tour des yeux bien foncé et, bien entendu, pas de faucilles. Croisez le avec des poules au liseré fin mais bien noir et brillant, avec la face très foncée. Pour obtenir de bonnes poulettes, c'est l'inverse : utiliser un coq au liseré fin (mais complet) avec des poules au liseré large et épais; cependant ne pas rechercher des sujets au liseré très large sur les rectrices, afin d'éviter le poivre.
Dans cette race, un liseré fin, pourvu qu'il soit complet et régulier, est plus agréable à l'il qu'un liseré trop chargé. Le liseré doit cependant exister sur toutes les plumes et des marques un peu trop larges aux extrémités des rectrices sont préférables à l'absence de liseré sur les rémiges primaires.
LA HAMBOURG
Le standard exige un coq au camail bien marqué de noir mais une jolie poule ne doit pas avoir des pastilles trop importantes qui la font paraître trop noire. Pour avoir de très beaux sujets, il faut donc posséder deux parquets d'élevage. Le parquet destiné à produire des coqs sera composé d'un coq standard, au camail bien marqué et de poules très foncées. Le parquet pour produire des poules réunira un coq au camail quasiment blanc et des poules moyennement marquées.
LA NAGASAKI
Beaucoup prétendent que le coq reproducteur doit posséder des pattes moyennement longues (ou moyennement courtes si vous préférez) afin de ne pas avoir de difficultés pour cocher les poules. Je ne partage pas ce point de vue. J'ai toujours fait reproduire les sujets aux pattes très courtes sans relever un pourcentage d'ufs clairs plus élevé qu'avec d'autres. Deux précautions sont cependant nécessaires. Etant au ras du sol, les Nagasaki, poules et coqs, ont parfois des difficultés à se débarrasser de leurs crottes qui restent collées aux plumes entourant l'anus; il est bon de les nettoyer fréquemment et éventuellement de couper quelques plumes. Les coqs Nagasaki ont parfois des ergots très importants qui les gênent lors de l'accouplement. Ces ergots sont à sectionner ou à enlever. Pour les enlever, la méthode est facile : faire bouillir quelques minutes une pomme de terre (elle ne doit pas être cuite mais rester ferme), la planter bouillante sur l'ergot et attendre une minute; ensuite enlever par torsion la partie en corne de l'ergot qui est ramollie par la chaleur; il reste en place la partie osseuse qui est très courte et ne gène pas l'accouplement.
LE COMBATTANT ANGLAIS NAIN MODERNE PILE
La variété pile de ce Combattant est une des plus jolies mais aussi une des plus difficile à maintenir. Le coq doit avoir la poitrine blanc pur; hélas elle est souvent marquée de roux (défaut grave) ou de gris (défaut léger). La poule doit être blanche sauf le camail doré et la poitrine saumon intense; hélas, plus la couleur de poitrine est intense, plus nous risquons de trouver du roux sur le dos et les ailes (défaut grave en exposition).
Si l'on croise des piles entre eux durant deux ou trois générations, la teinte des parties colorées s'affadit jusqu'à donner des sujets blanc laiteux, sans dessin bien apparent... ce ne sont plus des piles !
Pour obtenir des coquelets bien colorés, utilisez un coq à poitrine bien blanche, croisé avec des poules très colorées, même sur les couvertures des ailes (ce qui est pourtant un défaut). Pour obtenir de bonnes poulettes, utilisez un coq très coloré, même si sa poitrine est tachée de roux, accouplé avec des poules standard.
Malgré ces doubles accouplements, il est nécessaire, toutes les trois ou quatre générations, de retremper le coloris par un croisement avec des black‑red. Le mieux est d'accoupler un coq black‑red avec des poulettes pile aux teintes délavées. L'ennui est que la couleur des pattes diffère : vertes pour les black‑red, jaunes pour les piles. Comme de l'accouplement précédent il naît quelques sujets black‑red à pattes jaunes, vous pouvez les conserver pour créer une souche de black‑red à pattes jaunes, invendables et inexposables, mais qui serviront de réserve pour retremper la couleur des piles sans risque d'altérer la couleur des pattes.
LE COMBATTANT ANGLAIS NAIN MODERNE BROWN‑RED
Cette variété est facile à reproduire pendant plusieurs générations sans dérive du coloris. Oui mais... Le standard demande une parure et des dessins "de jaune doré à orange clair". Or la plupart des sujets que nous rencontrons en exposition ont une couleur orange foncé, parfois rougeâtre. C'est tout à fait normal puisqu'il s'agit en fait de la couleur noir cuivré. Pour obtenir des sujets avec cette délicate teinte jaune doré, il faut faire appel au croisement avec un sujet birchen grey ; le mieux est d'utiliser un coq birchen avec des poulettes brown.
LE COMBATTANT ANGLAIS NAIN MODERNE BIRCHEN‑GREY
C'est également une variété qui se reproduit fidèlement mais il existe un danger : voir les liserés de poitrine s'étendre aux cuisses et au dos. Pour obtenir de bons coquelets utiliser un coq à poitrine bien dessinée mais sans dessin sur les cuisses, croisé avec des poules pauvres en dessin de poitrine. Pour obtenir de bonnes poulettes utiliser un coq à poitrine très dessinée, jusque sur les cuisses mais à épaules bien noires, croisé avec des poules standard; les coquelets issus de ce croisement seront tous à éliminer car beaucoup trop marqués de dessins blancs.
PLUMAGE NOIR ET PATTES JAUNES
Cette composition de coloris existe dans bien des races : Wyandottes, Bantams de Pékin, Leghorns. Pourtant c'est, en théorie, génétiquement impossible. Les poulettes issues d'un coq et d'une poule intégralement noirs ont obligatoirement les tarses noirâtres, même si la couleur jaune transparaît. Pour pallier à cet inconvénient, la plupart des standards de race font appel à des tolérances. Pour la Wyandotte naine noire, ce sera une sous couleur claire (mais invisible de l'extérieur) à blanchâtre du coq qui lui permettra d'engendrer des filles à pattes bien jaunes. Pour la Bantam de Pékin, c'est l'inverse, la sous couleur du coq est noire mais l'on tolère des tarses noirâtres chez les poules pourvu que la plante du pied reste bien jaune. Il en est de même chez la Nagasaki. Ce phénomène peut s'étendre aux coloris dérivés du noir : coucou, gris perle et bleu, d'où la tolérance de pattes marbrées de gris, pourvu que le mélange de jaune et de mélanine ne vienne pas donner un coloris verdâtre.
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Extrait de l'ouvrage "Elevage sélection et standard
des poules naines" édité par le Bantam Club Français
-1994
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